Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/49

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l’ancien par la fenêtre, pour le remplacer par le nouveau. Sans leur pauvreté, qui les arrête dans la voie des innovations européennes, on ne sait vraiment où ils en seraient venus, à voir, malgré les difficultés financières, les changcments qu’ils ont délà réalisés en tous sens.

Le vieux Japon pittoresque, le Japon japonais s’en va, et, dans vingt-cinq ans, les gens venus d’Europe iront à sa recherche sans le trouver. Déjà, en entrant dans la baie de Yedo, nous demandions des jonques et nous n’apercevions que des bateaux à vapeur sous pavillon japonais ; les guerriers autrefois à casques et cuirasses sont aujourd’hui affublés de képis, gilets et pantalons, et leurs anciennes armures ne s’étalent plus que chez le fripier ; les libraires vendent des livres européens, éditent des ivres et des grammaires pour apprendre les langues et les sciences européennes, et en cherchant dans leurs étalages des livres illustrés japonais, c’est sur l’Histoire de la civilisation, de Guizot, et les Principes d’économie politique, de Stuart Mill, qu’il m’est arrivé de mettre la main. Dans beaucoup de cas, l’imitation européenne est grotesque ; cependant on aurait pu encore plus mal faire dans une voie