Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/48

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une monarchie plus ou moins centralisée et administrative.

Ce n’est point tout. Une autre transformation, encore plus profonde, s’il est possible, s’opère en ce moment au Japon : le pays est en voie de changer absolument sa civilisation et de renouveler la face de toutes choses. Les Japonais n’ont presque rien eu en propre en fait de civilisation, tout leur est, dans l’origine, venu de la Chine : leur écriture, le germe de leurs arts et ce qu’ils ont de science, leur religion et ce qu’ils peuvent avoir de philosophie. La Chine, au point de vue intellectuel, a été pour eux encore plus que la Grèce pour Rome. Tant qu’ils n’ont connu que la Chine, des Japonais se sont trouvés très-satisfaits du modèle chinois qu’ils avaient adopté ; mais, une fois en contact avec l’Europe, il a cessé d’en être ainsi.

Ces Japonais ont été tout de suite frappés de la supériorité de l’Europe sur la Chine, et ils se sont, sans perte de temps, mis à l’œuvre pour profliter de la découverte. Le Japon est en ce moment comme un homme qui, avant dans sa maison un mobilier d’un certain style, et venant à s’éprendre d’un style nouveau, jetterait au plus vite et pèle-mèle tout