Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/73

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du seigneur féodal et de la disparition de sa puissance. En traversant Coryama, nous trouvons toutes les boutiques remplies des canons, fusils, sabres et cuirasses dont étaient autrefois armés ses soldats. Tout un arsenal de vieilles armures et d’antiques engins, offert et mis en vente, nous passe ainsi sous les yeux.

Cependant, si le pays que nous traversons nous intéresse et excite notre curiosité, ce n’est presque rien en comparaison de la curiosité que nous excitons nous-mémes. D’Oudgi à Nara, les habitants sortent en foule de leurs maisons pour nous regarder passer ; ils nous attendent à l’entrée des villages et à la traversée des rivières. A partir de Nara, la curiosité, s’il se peut, est encore plus grande. Nous voyons les paysans descendre partout des montagnes et quitter le travail des champs pour accourir à notre rencontre, A Coryama, toute la ville est en l’air : les magistrats du lieu viennent au-devant de nous, et, pour nous frayer passage, mettent en tête de notre petite colonne quelque chose comme le commissaire de police. C’est un homme d’une belle prestance, avec un sabre à la ceinture. Il nous précède et écarte la foule avec une dignité et un air de