même emblème, de ce qu’ils croient soutenir les mêmes rapports avec les mêmes catégories de choses, de ce qu’ils pratiquent les mêmes rites, c’est-à-dire en définitive de ce qu’ils communient dans le même culte totémique. Ainsi le totémisme et le clan, tant, du moins, que ce dernier ne se confond pas avec le groupe local, s’impliquent mutuellement. Or l’organisation à base de clans est la plus simple que nous connaissions. Elle existe, en effet, avec tous ses éléments essentiels, dès que la société comprend deux clans primaires ; par suite, il ne saurait y en avoir de plus rudimentaire, tant qu’on n’aura pas découvert de sociétés réduites à un seul clan, et jusqu’à présent, nous ne croyons pas qu’on en ait trouvé de traces. Une religion aussi étroitement solidaire du système social qui dépasse tous les autres en simplicité peut être regardée comme la plus élémentaire qu’il nous soit donné de connaître. Si donc nous parvenons à trouver les origines des croyances qui viennent d’être analysées, nous avons des chances de découvrir du même coup les causes qui firent éclore le sentiment religieux dans l’humanité.
Mais avant de traiter nous-même le problème, il convient d’examiner les solutions les plus autorisées qui en ont été proposées.
I
Nous trouvons tout d’abord un groupe de savants qui ont cru pouvoir expliquer le totémisme en le dérivant directement d’une religion antérieure.
Pour Tylor[1] et Wilken[2], le totémisme serait une forme particulière du culte des ancêtres ; c’est la doctrine, certai-