Page:Durkheim - Qui a voulu la guerre ?.djvu/16

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Cette attitude belliqueuse était, d’ailleurs, réclamée par une partie notable de l’opinion publique. On voulait la guerre et l’on jugeait que l’instant était favorable pour la faire. « Si nous ne nous décidons pas à la guerre, écrivait la Militärische Randschau, celle que nous devrons faire dans deux ou trois ans au plus tard s’engagera dans des circonstances beaucoup moins propices… Puisqu’un jour nous devrons accepter la lutte, provoquons-la tout de suite. » Et la Neue Freie Presse s’indignait qu’on pût parler d’apaisement. Pour elle, l’apaisement ne pouvait résulter que « d’une guerre au couteau contre le panserbisme »[1]. Aussi, une fois l’ultimatum lancé, n’avait-on qu’une peur, c’est que la Serbie ne cédât[2]. « Le ton de la presse, écrit le 25 juillet Sir M. de Bunsen, laisse l’impression que la soumission de la Serbie n’est ni attendue ni vraiment désirée »[3].

Or la guerre avec la Serbie, c’était la porte ouverte à la guerre européenne. Certes, il serait injuste de dire que tout le monde à Vienne ait voulu délibérément cette extension du conflit. On assure que le comte Berchtold et son entourage se seraient contentés d’ « une opération localisée contre la Serbie ». Mais tout un clan estimait, au contraire, qu’il fallait « marcher avant que la Russie ait terminé ses grands perfectionnements de l’armée et des voies ferrées et avant que la France ait mis au point son organisation militaire »[4]. En tout cas, même les esprits les plus modérés ne pouvaient pas ne pas se rendre compte que, une fois la guerre commencée, on n’était pas assuré de réussir à la limiter.


L’Ultimatum était connu de l’Allemagne. — La lourde responsabilité qu’a ainsi assumée l’Autriche a-t-elle été partagée par l’Allemagne ? Celle-ci a-t-elle connu l’ultimatum ayant sa publication et a-t-elle encouragé son alliée à le risquer ?

Le Chancelier, M. de Bethmann-Hollweg, et le secrétaire

  1. L. J., no 12.
  2. L. J., no 27.
  3. Cor. B., no 20.
  4. L. J., no 14.