Page:Earl Derr Biggers - Le Perroquet chinois, paru dans Ric et Rac, 1931-1932.djvu/183

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— Ah ! par exemple ! si je m’attendais à celle-là !

Devant eux, à demi enfouie dans le sable, on distinguait la vieille voiture du tram, toute inclinée sur le flanc. La poussière jaunissait ses fenêtres, sur le devant, encore lisible, on lisait l’inscription : « Market Street ».

Un sentiment de tristesse serra le cœur de Bob Eden devant cette témoignage du triomphe de la nature sur les desseins orgueilleux de l’humanité. L’homme était venu pour conquérir le désert avec ses projets et ses machines ; maintenant une vieille roulotte demeurait seule comme un avertissement et une menace.

— Voici l’endroit choisi pour vos amoureux. Faites-les asseoir sur le marchepied du vieux tramway.

— Superbe, votre idée ! Après ceci, je vais engager un figurant.

Ils coururent vers la voiture et descendirent de cheval, puis la jeune fille se disposa à prendre la vue.

— Voulez-vous que je pose dans le tableau, simplement comme spécimen d’amoureux ?

— On ne m’en demande pas tant ! répondit-elle en riant.

On entendit le déclic de l’appareil. Au même instant les deux jeunes gens furent saisis d’étonnement : un vieillard venait de sortir de la voiture… un vieux tout courbé, à la barbe d’un noir de geai.

Les yeux d’Eden interrogèrent ceux de Paula.

— C’est le type que vous avez vu mercredi soir chez Madden ? interrogea-t-il tout bas.

— Oui, le vieux mineur.

L’homme à la barbe noire demeura fort surpris, debout sur la plateforme du tramway, au-dessous de l’inscription : « Market Street ».