Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/144

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mond, qui venait passer une heure avec ses sœurs tous les matins, battait les semelles, et Marie ajustait le tout et donnait la dernière main à la fabrication.

Le travail ne manqua pas : tous les voisins, puis tous les marchands d’alentour vinrent en commander. Marie profita de ce premier moment de fortune pour s’acquitter envers la maîtresse d’école, et lui donna, pour la remercier de ses bontés, une jolie paire de pantoufles ornée de faveurs roses.

Les écoliers admirèrent d’abord la nouvelle chaussure de leur maîtresse, puis ils demandèrent dans quel endroit on les tressait. Quand ils surent que c’était au château de Rossmore, ils s’y rendirent pendant leurs heures de récréation, et quelques-uns d’entre eux prirent bientôt plaisir à travailler dans la petite manufacture, soit en tressant les cordes, soit en battant les semelles, soit en coupant la doublure ou le cordonnet.

Un jour qu’Edmond aidait ses sœurs dans leur travail, un jeune garçon, appelé Georges, entra et dit :

« Il faut que je me lave les mains. Je me suis tant dépêché pour venir ici que je n’ai pas pris le temps de terminer ma toilette. Voudriez-vous, s’il vous plaît, me donner ce qu’il me faut pour cela ? »