Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/171

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mina son récit en offrant un des précieux oignons à Arthur, qui l’accepta avec une grande joie, et ne cessait de répéter :

« Comme tu es bon de ne pas m’en vouloir d’avoir brisé ta cloche ! Je suis vraiment plus désolé de ce malheur que si tu t’étais mis en colère contre moi. »

Ensuite Arthur s’occupa de planter son oignon, Maurice, pendant ce temps examinait les couches qu’avait préparées son camarade, et les plantes qui croissaient dans le jardin.

« C’est singulier, dit Arthur, on dirait que tu prends autant de plaisir à voir s’embellir mon jardin que s’il t’appartenait. Je suis bien plus heureux depuis que mon père est venu demeurer ici et qu’il nous est permis de travailler et de jouer ensemble. Car tu sais qu’autrefois j’étais à la maison avec un cousin qui me tourmentait sans cesse. Il n’était pas de beaucoup aussi bon que toi. Il ne prenait jamais plaisir à regarder mon jardin. Il ne trouvait jamais que je fisse rien de bien. Il ne me donnait jamais rien de ce qu’il avait. Aussi je ne l’aimais pas. Mais je crois que cela rend malheureux de détester quelqu’un. Je sais bien que je n’ai jamais trouvé de plaisir à me quereller avec lui, tandis qu’avec toi je me trouve très-heureux. Maurice, nous ne nous querellerons jamais. »

Quel bienfait pour tout le monde si chacun