Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/172

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était convaincu que le bon accord vaut mieux que les querelles, et surtout si l’on suivait partout la maxime de Maurice : « Pardonner et oublier ! »

Le père d’Arthur, M. Oakly le pépiniériste, était un homme très-susceptible, et, quand il pensait que quelques-uns de ses voisins l’avaient désobligé, il était trop fier pour leur demander une explication. C’est ce qui faisait qu’il se trompait souvent dans ses jugements sur le compte d’autrui. Il s’imaginait montrer de l’esprit en gardant le souvenir et le ressentiment d’une injure. Aussi, quoique ce ne fût pas un méchant homme, ses fausses idées l’avaient quelquefois amené à commettre de méchantes actions. « Ami dévoué et cruel ennemi, » était une de ses maximes, et il avait plus d’ennemis que, d’amis. Il n’était pas fort riche, mais il était orgueilleux, et son proverbe favori était : « Mieux vaut faire envie que pitié. »

Quand il s’établit auprès de M. Grant le jardinier, il éprouva d’abord de l’antipathie pour ce voisin, parce qu’on lui avait dit que M. Grant était Écossais. Or, M. Oakly était tout plein de préjugés contre les Écossais. Il les croyait rusés et avares, parce qu’il avait une fois été dupé par un colporteur de ce pays.

Les manières franches de Grant dissipèrent jusqu’à un certain point cette prévention. Mais,