Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/173

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néanmoins, Oakly se dit toujours intérieurement que la politesse, l’urbanité de Grant n’étaient que de l’ostentation, et qu’un Écossais ne pouvait pas être un ami sincère comme un véritable Anglais.

Grant possédait de fort belles framboises. Elles étaient si grosses qu’on les venait voir par curiosité ; aussi, dans la saison, beaucoup d’étrangers qui prenaient des bains de mer à la ville voisine venaient-ils admirer ces framboises, qu’on avait nommées framboises de Brobdignac.

« Dites-moi, je vous prie, voisin Grant, comment pouvez-vous obtenir d’aussi merveilleuses framboises ? demanda un soir M. Oakly au jardinier.

— Oh ! ceci, c’est un secret, répondit Grant en souriant.

— Si c’est un secret, je n’ai plus rien à dire, car je ne cherche jamais à pénétrer les secrets qu’on ne veut pas me confier ; mais je voudrais bien, voisin Grant, que vous missiez de côté ce livre que vous tenez. Vous avez toujours les yeux plongés dans quelque livre, choque fois qu’on vient vous voir, et cela, selon moi, simple et ignorant anglais, n’est ni très-poli, ni de bien bon voisinage. »

M. Grant ferma rapidement son livre, mais par un regard il avertit son fils que c’était dans ce