Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/195

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nant il y conduisait Jean, leur petit-fils. Jean était chargé de le nourrir et de le soigner, ce qu’il faisait ponctuellement ; car c’était un garçon qui joignait une grande intelligence à un excellent naturel.

« Cela va briser le cœur de Jean, » se disait Mme Preston, un soir qu’elle était occupée à attiser les braises de son feu, cherchant le moyen d’amener la conversation sur un sujet auquel son fils était loin de s’attendre.

« Jean, dit la mère, as-tu faim ?

— Oui, certainement, j’ai bon appétit.

— Ce n’est pas étonnant, tu as si bien travaillé !

— Oh ! oui, bien travaillé. Je voudrais même qu’il ne fît pas si sombre, ma mère, afin que vous puissiez sortir et voir le grand parterre. Vous me diriez que je n’ai pas mal employé ma journée. Et puis, ma mère, j’ai une bonne nouvelle à vous apprendre : le fermier Truck nous donnera une fraise d’une espèce nouvelle, la fraise géante. J’irai la chercher demain matin, et je serai de retour avant le déjeuner.

— Que Dieu t’entende, mon fils ! quatre milles pour aller et quatre milles pour revenir, avant déjeuner !

— Je monterai sur Pied-Léger, et je ferai très-aisément la course. Qu’en dites-vous, ma mère ?

— Certainement, mon enfant.