Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/210

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Si tu as fini avant l’heure, le reste de ta journée t’appartiendra ; tu en feras ce que tu voudras. »

Jean fut très-content ; chaque jour il avait terminé sa tâche à quatre heures, et comme il aimait beaucoup à jouer avec ses camarades, il se rendait sur la place du village, où ils se réunissaient. C’était là que, la plupart du temps, Laurent se tenait couché près d’un grand portail, le pouce enfoncé dans sa bouche.

Les autres jouaient, Jean se mettait à leur tête. Mais un jour, après avoir joué assez longtemps, il vint se reposer sur une borne placée près de l’endroit où Laurent le paresseux était étendu comme un désœuvré.

« Tu ne joues pas, Laurent ?

— Non, je suis fatigué.

— Fatigué de quoi ?

— Je ne sais pas, mais ma grand’mère dit que je suis malade.

— Bah ! fais une longue course et tu verras que tu iras bien. Viens, courons, une, deux, trois.

— Eh ! non, je ne puis marcher ; j’ai d’ailleurs toute la journée à moi, et je n’aime pas à jouer en même temps que les autres. Toi qui n’as qu’une heure, c’est différent.

— C’est tant pis pour toi. Veux-tu jouer à la balle ?