Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/211

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— Non, je suis fatigué, fatigué comme si j’avais travaillé toute la journée comme un cheval.

— Eh bien ! tel que tu me vois, j’ai travaillé toute la journée comme un cheval, et je ne suis pas encore fatigué.

— C’est malheureux d’être obligé de travailler ainsi. Vois-tu, moi, je suis riche, ajouta Laurent en montrant une certaine quantité de pièces de petite monnaie. Mon père m’a donné tout cela, et je puis dépenser tout ce qu’il me plaira. Vois : un deux, trois… huit sous. Tu ne sais pas ce que c’est que d’avoir huit sous. Tu n’en as jamais eu plus de deux ou trois à ta disposition. »

Jean sourit. « Oh ! quant à cela, dit-il, tu te trompes, car j’ai dans ce moment-ci plus de deux, de trois, de huit sous, j’ai deux schellings, plus cinq jours de travail à six sous chacun, ce qui fait deux schellings et six sous ; en tout quatre schellings et six sous.

— Tu n’as pas quatre schellings et six sous, dit Laurent en s’animant ; tu n’as pas quatre schellings et six sous, je ne le croirai que quand je le verrai.

— Suis-moi, répondit Jean, et je te forcerai à me croire. Viens.

— C’est loin, dit Laurent, qui suivait Jean clopin-clopant jusqu’à l’étable où celui-ci lui montra son trésor. Et comment as-tu amassé tout cela honnêtement ?