Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Très-honnêtement ; tu peux être sûr que j’ai tout gagné.

— Grand Dieu ! gagner tout cela ! J’ai bien envie de travailler ; mais il n’en est pas encore temps, ma grand’mère dit que je ne suis pas assez fort ; et, du reste ; je flatte papa pour avoir de l’argent. Je n’ai donc pas besoin de travailler. Quatre schellings et six sous ! Et qu’en feras-tu ?

— C’est mon secret, répondit Jean en riant.

— Alors, je vais faire des conjectures. Je sais bien ce que j’en ferais, s’ils étaient à moi. Premièrement je remplirais mes poches de gâteaux, puis j’achèterais des pommes et des noix. Aimes-tu les noix ? J’en achèterais assez pour en avoir jusqu’à Noël, et je les ferais casser par le petit Newton, parce que c’est très-fatigant de les casser soi-même.

— Tu ne mérites pas seulement d’en avoir.

— Mais tu m’en donneras des tiennes, dit Laurent d’un ton flatteur.

— Non, certes, répondit Jean, je ne te donnerai rien.

— Mais alors que feras-tu de ton argent ?

— Oh ! je sais bien ce que j’en ferai. C’est mon secret, et je ne veux le dire à personne. Partons, allons jouer.

Ils s’en allèrent, Laurent plein de curiosité et de mauvaise humeur contre lui-même et contre