Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/214

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— Oui, répondit l’enfant en se grattant l’oreille.

— Mais remue-toi donc un peu, ne reste pas là planté comme un arbre ou comme une momie ; voyons, prends deux de ces bouteilles et descends-les. »

Mais Laurent était si peu empressé que son père, transporté de colère, le secoua fortement par le bras et le mit à la porte en lui disant :

« Tu ne feras jamais qu’un méchant paresseux. »

Ce n’était pas le moment de demander de l’argent. Laurent le comprit et attendit le jour suivant, espérant que son père serait plus abordable. Le lendemain donc, le voyant d’assez bonne humeur, il lui glissa doucement sa demande à l’oreille :

Le père irrité lui répondit :

« Je ne te donnerai pas un sou avant un mois ; si tu veux de l’argent, va travailler, je suis fatigué de ta fainéantise. »

À ces mots, Laurent fondit en larmes et alla s’asseoir au bord d’un fossé, où il pleura pendant plus d’une heure. Après avoir ainsi pleuré, il se demanda s’il n’avait pas encore quelque menue monnaie dans sa poche : il chercha et trouva un sou à sa grande joie. Il se leva aussitôt et se dirigea vers la marchande ; elle pesait des prunes, et pendant qu’il attendait, il vit des postillons et des garçons d’écurie qui jouaient à pile ou face.