Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/215

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Il les regarda pendant quelques minutes et entendit le garçon d’écurie qui disait :

« J’ai commencé avec un sou et maintenant j’en ai quatre. »

Laurent s’émut à ces paroles et se dit : « Puisqu’il en est ainsi, qu’on gagne quatre sous avec un seul, il vaut mieux jouer à pile ou face que travailler ; » et tirant son sou, il le présenta au garçon d’écurie, en, lui disant qu’il désirait jouer avec lui.

« C’est bien, répondit celui-ci, donne-le-moi ; » et, jetant ses sous en l’air : « Pile ou face ? »

Le sort favorisa notre petit paresseux, qui aurait bien voulu aller aussitôt acheter des noix ; mais il fut arrêté par le garçon d’écurie, qui lui demanda sa revanche. Cette fois-ci Laurent perdit ; mais, amorcé par l’appât du gain et entraîné par son adversaire, il se laissa aller à jouer toute la matinée ; si bien que tantôt gagnant, tantôt perdant, il finit par avoir quatre sous.

C’est une bonne chose pourtant que de jouer à pile ou face, se dit-il ; une autre fois, quand j’aurai un sou, je viendrai m’amuser de nouveau, et Je ferai croire à mon père que j’ai travaillé. »

Satisfait de sa résolution, il acheta des noix et s’assit dans l’écurie de l’auberge pour les casser plus commodément. Pendant qu’il les mangeait, il entendit la conversation des palefreniers et des