Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/218

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des branches pareilles, il lui serait facile de faire un joli petit paillasson vert qui serait très-bon pour essuyer les pieds. Il se ressouvint alors que, le jour ou il était allé chercher chez le fermier Truck la fraise géante, il avait vu, à un mille de la maison de sa mère, une grande quantité de bruyère. Comme il n’était encore que six heures du soir, il calcula qu’il avait le temps de seller Pied-Lèger, d’aller faire sa provision de bruyère et de faire l’essai de son habileté avant de se coucher.

Pied-Léger le conduisit très-lestement. Jean cueillit autant de bruyère qu’il pouvait en porter ; mais quelle peine, quelles difficultés il éprouva avant de parvenir à tresser quelque chose qui ressemblât à un paillasson ! Vingt fois il fut sur le point de mettre sa bruyère de côté et d’abandonner son projet, tant il éprouva de désappointement ; il persevéra cependant, sachant bien qu’aucun ouvrage, important ne peut s’accomplir sans peine et sans labeur.

Il passa toute la journée du lendemain à réfléchir encore au moyen qu’il devait employer pour réussir. Après six heures d’un travail assidu, il surmonta toutes les difficultés, et termina son paillasson à sa grande satisfaction. Son bonheur fut extrême ; il chantait, il dansait, il dévorait des yeux son ouvrage. Le soir, il mit son cher paillas-