Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/219

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son au pied de son lit, afin de pouvoir le contempler le lendemain matin en se réveillant.

Le jour venu, il partit pour sa journée, portant le paillasson à sa maîtresse. Elle parut fort surprise, demanda qui l’avait fait, combien il coûtait.

« Le vendre ? oh ! non, madame, dit Jean, je suis trop heureux de vous l’offrir ; je ne l’ai point fait pour le vendre. J’y ai travaillé pendant mes heures de loisir, et je suis enchanté qu’il vous plaise ; voilà tout, madame. »

— Ce n’est pas tout, dit la dame, je ne veux plus que tu sarcles mon jardin. Tu peux employer plus utilement ton temps, et tu seras récompensé de ton habileté et de ton intelligence. Fais autant de paillassons que tu pourras, et je te les placerai.

— Merci, madame, répondit Jean avec une profonde révérence, » car il vit aux regards de la dame qu’elle lui faisait une faveur.

Cependant, il se demandait en lui-même : « Je les placerai ! qu’est-ce que cela veut dire ? »

Le jour suivant, il se remit au travail et fut tout surpris de son adresse ; il parvint à faire deux paillassons dans le même espace de temps qu’il lui fallait au commencement pour en tresser un seul. Il en fit dix-huit en quinze jours, et les porta, chez sa protectrice ; il les empila dans la salle ; à peine eut-il fini qu’une porte s’ouvrit, et