Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/220

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la dame entra suivie d’une nombreuse compagnie.

« Ah ! voici le petit garçon et ses paillassons, » dit-elle en s’approchant de la table sur laquelle Jean les avait empilés.

Puis, s’adressant à Jean, qui s’était retiré en arrière pendant qu’on examinait son ouvrage :

« Approche donc mon garçon, tu parais tout surpris.

— Madame, c’est que je ne vois plus mes paillassons.

— Eh bien ! prends ton chapeau, retourne chez toi, et tu seras encore bien plus étonné. »

Jean obéit tristement, mais il changea bientôt de visage. Son chapeau était rempli de monnaie. Chaque paillasson lui avait été payé deux schellings ; en sorte que ses dix-huit paillassons lui rapportèrent trente-six schellings.

« Trente-six schellings ! dit la dame. Tu as déjà gagné en travaillant à mon jardin cinq schellings et six sous ; il ne te faut donc que six sous pour faire deux guinées.

— Deux guinées ! s’écria-t-il en battant des mains. Ô Pied-Léger ! ô ma mère !

Puis, revenant de son transport :

« Voulez-vous, madame, remercier pour moi tous vos amis ? dit-il ; car je ne saurais le faire convenablement.