Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il ne s’agit pas de voler, mais seulement d’emprunter ; et si nous gagnons, ce qui ne peut manquer d’arriver, nous lui rendrons cet argent aussitôt après le combat, et il n’en saura rien : cela ne peut ainsi lui faire aucun mal. D’ailleurs, à quoi bon tant causer ? »

Laurent ne répondit pas, et ils sortirent ensemble comme ils étaient entrés, sans avoir pris de détermination.

Arrêtons-nous un instant. Nous sommes effrayés du tableau qui va se dérouler devant nos yeux. Nos jeunes lecteurs frémiront peut-être en le lisant ; mais il vaut encore mieux qu’ils sachent la vérité, et qu’ils voient où peut conduire un mauvais sujet dont on a fait imprudemment son ami.

Dans le cours de la soirée, Laurent entendit frapper à sa fenêtre : c’était le signal convenu avec son compagnon. Il trembla en pensant à ce dont il s’agissait, se tint tranquille et se cacha sous ses couvertures ; mais au second coup il se leva, s’habilla, ouvrit la croisée, et, après avoir entendu son compagnon lui demander s’il était prêt, il sortit en disant : « Me voilà ! »

Pendant qu’ils se rendaient à la ferme, un nuage noir, passant au-dessous de la lune, plongea nos deux personnages dans la plus grande obscurité.

« Où êtes-vous ? dit Laurent tout ému, où êtes-vous ? Parlez-moi.