Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/231

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— Je ne sais rien de ton argent ; je ne sais même pas ce que tu veux dire, reprit la laitière. Réponds-moi seulement : d’où tiens-tu cette pièce ? on ne te l’a pas donnée, je suppose ? »

Et elle s’apprêtait à frapper le pauvre enfant, lorsque la dame appela Jean et crut devoir se mêler à l’entretien et chercher à éclaircir l’affaire de la pièce de monnaie.

« Oui, madame, dit la laitière en prenant un coin de son tablier, je venais ici par hasard, car ma Betty est malade ; j’apportais donc le lait moi-même ; puisque ma Betty… Vous connaissez ma Betty, dit-elle à Mme Preston en se retournant de son côté, ma Betty qui vous sert, ma Betty infatigable ?

— Je n’en doute point, repartit la dame impatientée ; mais arrivons, je vous en conjure, à la pièce de monnaie.

— Oh ! c’est vrai ; pendant que je venais ici, et que pour abréger mon chemin je suivais la prairie que vous voyez là-bas… Vous ne pouvez la voir d’où vous êtes, mais venez ici et je vous montrerai…

— C’est bien, je vois,

— Je connais l’endroit, ajouta aussitôt Jean avec anxiété.

— Eh bien donc, pendant que je suivais la prairie, je vis partir de la haie deux garçons,