Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/244

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— Je vous remercie. C’est une excellente corde.

— Et toi, Henri, continua M. Gresham, garde la tienne, si elle peut te servir à quelque chose.

— Merci, mon oncle ; mais elle n’est bonne à rien.

— Je le crains en effet, » reprit ce dernier, en examinant les restes de la corde d’Henri.

Quelques jours après M. Gresham donna à chacun de ses neveux une toupie neuve.

« Tiens ! dit Henri, nos toupies n’ont pas de ficelle. Comment allons-nous faire ?

« J’en ai une qui, je crois, ira très-bien à mon sabot, dit Benjamin ; et il tira de sa poche celle du paquet qu’il avait conservée.

— Je voudrais bien en avoir une aussi, moi. Que faire ?… Ma foi, tant pis ; je vais prendre le cordon qui entoure mon chapeau.

— Mais ensuite, comment feras-tu ?

— Oh ! Je m’en passerai bien, » répondit Henri.

Et il détacha le cordon de son chapeau.

Il ne tarda pas à détériorer sa toupie. Il serrait si fort sur la pointe qu’il la fendit bientôt. Le lendemain, son cousin lui prêta la sienne. Mais Henri n’était pas plus soigneux du bien des autres que ce qui lui appartenait. Il n’avait pas joué une demi-heure avec la toupie de Benjamin, qu’il la fendit en deux pour l’avoir lancée avec trop de force sur la pointe.