Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/258

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homme qui avait ouvert la porte de la cathédrale.

— Oui, dit M. Gresham ; tenez, mes enfants, le voici perché sur l’orgue ; il se tient souvent là, et chante pendant que l’organiste joue.

— Il a déjà passé ici bien des hivers, ajouta le gardien ; on dit qu’il a quinze ans, et il est tellement apprivoisé que, si j’avais un morceau de pain, il descendrait le manger dans ma main.

— J’ai un morceau de tartelette, s’écria joyeusement Benjamin, tirant de sa poche les restes qu’Henri avait voulu jeter, à la rivière… Je vous en prie, faites-venir le rouge-gorge manger dans votre main. »

Le gardien émietta la tartelette et appela l’oiseau, qui battit des ailes et gazouilla de plaisir en apercevant le pain. Mais il ne quitta pas l’orgue.

« Il a peur de nous, dit Benjamin. Il n’a sans doute pas l’habitude de manger devant des étrangers.

— Ah ! ce n’est pas cela, monsieur, dit le jeune homme avec un profond soupir. Il ne craint pas de manger en public ; il fut un temps où, malgré la présence d’une foule de personnes, il venait à mon premier appel prendre des miettes dans ma main. Ce n’est pas sa faute s’il ne descend pas maintenant, le pauvre petit. Il ne me reconnaît