Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/286

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soin à leur faire envisager sous son véritable point de vue tout objet nouveau et toute idée nouvelle.

C’est inconsidérément que l’on dit quelquefois :

« Il faut laisser les enfants voir et juger par eux-mêmes. » À peine capables de découvrir une partie des objets, comment pourraient-ils en saisir l’ensemble ? Les aperçus qu’ils prennent dans les relations du monde, les observations incomplètes qu’ils peuvent y faire, leur donnent souvent une idée fausse des causes du bonheur, et les conduisent à une trompeuse appréciation du caractère des hommes et des positions sociales. Aussi M. et Mme Montagne apportaient-ils la plus grande circonspection dans le choix de leurs connaissances : ils étaient justement persuadés que la conversation forme une partie importante de l’éducation des enfants.

En arrivant à Clifton, ils cherchèrent à louer une maison pour eux seuls. Mais la plupart des logements étaient déjà occupés, et ils furent obligés de prendre un appartement dans un hôtel habité par d’autres personnes.

Pendant les quinze premiers jours, ce fut à peine s’ils entrevirent les locataires qui demeuraient au même étage. Un vieux quaker et sa sœur Berthe étaient leurs tranquilles voisins. L’embonpoint florissant de la demoiselle avait attiré l’attention des enfants, qui se demandaient comment