Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/287

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on pouvait, avec un teint si frais et si vermeil, avoir besoin de venir aux eaux. Sa toilette recherchée, l’élégance de ses vêtements excitaient leur admiration. Ils avaient remarqué avec quel soin extrême son frère veillait à ce que sa robe ne touchât pas à la roue lorsqu’elle montait en voiture. Cette circonstance et l’extérieur bienveillant du vieux monsieur les avaient convaincus de l’extrême affection qu’il portait à sa sœur. Ils étaient persuadés que ces deux personnes étaient les plus heureuses du monde ; ils ne leur avaient pourtant jamais parlé et n’avaient fait que les voir en passant.

Il n’en était pas ainsi de la demoiselle qui occupait le rez-de-chaussée. On la voyait toujours sur l’escalier, dans les corridors ou à sa fenêtre. Il semblait qu’elle fût douée de la faculté de se trouver partout au même instant. On n’entendait que sa voix criarde dans la maison. Dès le premier jour qu’elle rencontra les enfants de Mme Montagne sur l’escalier, elle arrêta la petite Marianne pour lui faire mille caresses. « Ma chère mignonne, lui dit-elle, que vous êtes gentille ! Venez m’embrasser. Comment vous nommez-vous ? moi, je m’appelle Thérèse Tattle. » Ce renseignement était tout à fait inutile, parce que vingt fois dans la matinée toute la maison était réveillée par le bavardage de la servante de Mlle Thérèse