Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/291

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retourna sur Madame et lui dit : « Faites attention à la taille de cette petite. Vous feriez bien de lui mettre des baleines. Elle aurait besoin de prendre des leçons de danse. » Mme Montagne fut très-alarmée de cette observation. Quelques jours après Mlle Thérèse la renouvela. Alors on examina avec le plus grand soin la taille de Marianne. Mlle Thérèse affecta une vive sollicitude dans cet examen. Elle prétendit que l’épaule droite et la hanche gauche avaient quelque disposition à dévier. Mais la bonne officieuse oublia qu’elle avait signalé auparavant l’épaule gauche et la hanche droite, ce qui rassura un peu Mme Montagne.

Un autre jour, ce fut la petite Sophie qui devint l’objet des observations de Mlle Thérèse. Elle prit une mine allongée et un air de circonstance pour exprimer toute l’inquiétude que lui inspirait la santé de cette chère enfant. « Je crains que la poitrine ne soit affectée. Il faut lui faire prendre les eaux matin et soir et lui donner de la pâte du jujube. Consultez sans retard le docteur Cardamum. C’est le plus habile médecin que je connaisse. Je serais à mon lit de mort que je l’enverrais chercher en toute confiance. Il a sauvé une jeune fille qui avait rendu un poumon tout entier. Si vous voulez, je vous enverrai le docteur ; mais il n’y a pas de temps à perdre. »