Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/42

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tu voudras, tout ce que tu sais, afin qu’il nous dénonce, et qu’ensuite on nous chasse de l’école. Tu seras alors bien avancé, imbécile !

— Tiens ! c’est ainsi qu’on me traite, se dit Loveit ; je me suis compromis pour eux, j’ai fait une mauvaise action, et on m’appelle faquin pour ma peine. On ne me traitait pas ainsi quand j’ai consenti à faire la corvée. »

En effet, son profit ne répondait guère à la part qu’il avait prise au vol ; on ne lui avait donné qu’une pomme et demie, et lorsqu’il s’était plaint, on lui avait répondu qu’on avait fait un égal partage, que du reste elles étaient excellentes, et qu’une autre fois on dédommagerait « ce pauvre Loveit. »

Cependant, le vieillard examinait chaque jour son pommier ; c’était le seul de cette espèce qu’il y eût dans le district ; il comptait tous les matins le nombre des pommes qui étaient sur l’arbre, et il s’aperçut bien vite, à la brèche qu’on avait faite à la haie de son jardin et aux traces de pas qu’on avait laissées dans les plates-bandes, qu’il avait été volé pendant la nuit.

Ce n’était pas un méchant homme ; il ne voulait faire de mal à personne, et surtout aux enfants, qu’il affectionnait beaucoup. Sans être avare, il n’était pas assez riche pour donner les produits de son jardin. Il avait travaillé toute sa