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LA NOUVELLE CARTHAGE

Sollicité par son élément favori, mais forcé de renoncer à la navigation hauturière et même au cabotage, Vincent cumulait les fonctions de marinier, passeur et conducteur d’allèges ; il conduisait aussi jusqu’au bas de la rivière, les « commis de rivière », envoyés par les trafiquants à la rencontre des navires signalés au pilotage.

— Et vous, qu’allez-vous devenir ? demanda Vincent avec cette rondeur des dévouements qu’on ne pourrait jamais taxer d’indiscrétion.

Le jeune homme l’ignorait lui-même. Il n’avait rien à attendre des gens de sa parenté, et ses cent francs eussent-ils représenté une rente suffisante, qu’il n’était pas d’âge à paresser.

— Si je vous ai bien compris, reprit le mari de Siska, vous préféreriez à un emploi sédentaire, une besogne qui vous permettrait d’aller et venir et de vous donner du mouvement. Je tiens peut-être votre affaire. Un baas de « Nation » de mes camarades a besoin d’un employé qui l’aide dans ses calculs et dans la surveillance de la besogne, au chantier et à l’entrepôt. Faut-il lui parler ?

Laurent ne demandait pas mieux ; il fut convenu qu’il reviendrait prendre des nouvelles le lendemain.