Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/51

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VI
J’écoutais, éperdu, comme on écoute en rêve,
Cette voix qui pleurait une douleur sans trêve ;
Et je croyais ouïr, sous le ciel indompté,
Sangloter dans la nuit la vieille humanité.
Il se tut ; et, mettant sa harpe en bandoulière,
Il s’en vint recueillir l’obole hospitalière
Que les bons Allemands, comme aux âges anciens.
Ne refusent jamais aux pauvres musiciens.
VII
Quand le chanteur nomade eut fini sa tournée,
Il s’assit pour manger le pain de la journée.
Je m’approchai de lui. Mon admiration
S’exhala de mon cœur avec émotion,
Et je lui demandai pourquoi vers le théâtre
Il n’allait pas chercher ce public idolâtre
Qu’enthousiasmerait sa magnifique voix,
Et qui de gloire et d’or lui ferait un pavois.