Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/95

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Riche d’un beau soleil et de ma fantaisie,
Au fond de la Bohême ou de la Silésie,
Et puis que, m’arrêtant au bord d’une forêt,
Dans mon cœur accablé d’un malaise secret,
Je sentais lentement comme une mer sans digue,
Le découragement sourdre avec la fatigue, —
Ce chant naïf et grand est bien souvent venu
Comme une voix d’ami dont le timbre est connu,
Vivifier l’espoir dans mon âme affaissée
Et colorer de foi ma jeunesse lassée.
Le front dans mes deux mains, sur la marge du bois,
Où des chiens des chasseurs mouraient les longs abois.
J’écoutais les sanglots des cascades lointaines
Et des chênes froissés les rumeurs incertaines ;
Tous ces bruits étonnants, étranges et secrets,
Qui passent, vers le soir, dans les grandes forêts,
Et bientôt à côté des sources voyageuses,
Au milieu des frissons des clairières songeuses,
J’entendais s’élever dans le chemin croulant
La voix au timbre d’or d’un chanteur ambulant,
Qui chantait en passant derrière les arbustes,
Ce beau lied allemand, plein de strophes robustes.