Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il avait hâte de montrer son cadeau, le beau collier de porcelaine rouge. Elle lui prit des mains, le tourna dans les siennes où il roulait avec un petit bruit de billes, et, remarquant sa monture élastique, elle l’étira et se le mit au cou. Elle rit de toutes ses dents et se mira dans une petite glace où les images ondulaient. Sous la chevelure noire, le collier rutilait d’un rouge cru que soutenait le bronze de la peau. Jean-Baptiste riait par derrière.

— Il est beau comme du sang ! dit-elle.

En vérité, la matière sèche des perles s’attendrissait sur la nuque chaude qui les animait comme des gouttes vives.

Jean-Baptiste avait une grosse joie d’enfant, une joie qui se serait manifestée par des cris et des gambades s’il ne s’était tenu à quatre, parce que ses artères battaient, que ses muscles sautaient ainsi que des ressorts. Mais quand la Gaude se jeta à lui et l’embrassa violemment pour le remercier, il l’empoigna aux aisselles, et la souleva de ce geste puissant et possesseur du mâle auquel les femmes s’abandonnent heureusement, comme des vaincues.

Une minute, l’émoi sacré qui livre l’un à l’autre deux êtres, avant qu’ils ne se prennent, les troubla jusqu’au sexe. Le gars plia la femme sous son étreinte, lorsqu’elle se dégagea brusquement, d’un coup d’échine, toute rieuse et toute ardente, et le poussant dehors lui souffla demi-bas :