Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/180

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Des secousses ébranlent la maison basse ; le toit craque ; des lames de vent pointent aux serrures et aux joints des portes ; les murs suintent et coulent sur les planchers.

Par moment, les paquets de mer qui franchissent l’îlot, d’un seul jet, claquent les tuiles et les fenêtres. Les lampes s’affaissent de peur, les cuivres tintent sous leur vitrine et le phare oscille comme un roseau.

Cela dura trente-six heures, deux nuits et un jour.

Il semblait que la tempête se renouvelât au lieu de s’épuiser, et l’allure durable du fléau épouvantait. L’océan éprouvait sa force dévastatrice une dernière fois, avant les apaisements printaniers où couve, dans ses flancs, la vie prodigue et se propagent les bancs de gades aux surfaces tièdes.

Sémelin n’était pas sans inquiétude. Il avait déjà vu, dans l’ancien phare, les vitres éclater et le grand feu soufflé comme une veilleuse. Il se tenait dans la chambre de veille, au pied de la lanterne qui vacillait sur sa cuve, en éclairant rouge au panneau du plafond. Sous lui, le plancher tanguait à trente mètres du sol.

Par deux fois Jean-Baptiste essaya de le faire descendre.

— On ne compte pas avec Dieu, jeune homme, répondit-il.