Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/20

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lence, Urbain Coët caressa ces belles formes ainsi que les flancs vastes d’une femme accueillante.

Au bout d’un moment, le Nain, courtaud et la face camuse élargie d’un fer à cheval de barbe drue, s’en vint fouiner autour du sloop en remuant les copeaux avec ses galoches. Urbain Coët, sous son béret, n’y prit pas garde et s’obstina dans sa peinture.

— Comment que tu l’nommes ton bateau ? fit le Nain.

Urbain mit du temps à répondre :

— Je sais point encore !

Les noms des barques sorties du chantier s’alignaient au mur à la manière d’ex-voto laudatifs. C’étaient L’Espoir en Dieu, Le Brin d’amour, L’aimable Clara, L’Ange Voyageur, Le Bon Pasteur, Le bec salé et d’autres, alternativement pieux ou gaillards.

— Ce sera le Va de l’avant ! proclama Théodore.

— Il se démentirait point ! affirma François.

Perchais hocha soudain la tête en fronçant les sourcils ; Double Nerf ricana et son frère lâcha du coin des lèvres :

— Y a pas que la barque, y a l’homme…

Urbain Coët retroussa son béret et regarda bien en face Aquenette qui fit demi-tour négligemment. Double Nerf avança, le torse en avant, et