Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/21

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laissa tomber son poing, lourd au bout du bras comme une massue. Urbain paraissait petit, presque chétif sous la vareuse claire ; mais il sourit, et, soulevant un poids de quarante livres à ses pieds, il le lança au bout du chantier, sans effort, ainsi qu’une pierre.

Favorable aux rivalités qui entretiennent le commerce et la lutte, François concluait :

— Enfin les gars on verra les meilleurs quand on s’alignera aux régates !

Perchais et les deux Aquenette ne répondirent pas. Dédaigneux, ils s’assirent sur l’établi, les jambes pendantes, découvrant leurs chaussettes groseille entre la galoche et la salopette bleue. Perchais repoussa en arrière la casquette qu’il porte seul, à l’Herbaudière, pour se donner des allures de yachtman, et des poils roux débordèrent sur son front tanné. À son poignet on pouvait lire la devise qu’il a gravée au tableau de sa barque : Laissez-les dire !

Le rabot criait sur le chêne ; grand-père abattait des copeaux à coups réguliers d’erminette ; une planche craquait de chaleur. Et ils demeuraient là, tassés, méditatifs, avec le calme taciturne des marins apaisés par la fascination de la mer.

Ce fut Urbain qui, le premier, aperçut la Gaude quand elle se présenta en cotillon court de Sablaise, avec un journal épinglé en voûte sur les