Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/202

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s’engageaient à l’effet de savoir si c’était là un trois-mâts barque où un trois-mâts franc.

Les jours de bonne humeur, Clémotte contait une millième fois l’histoire de cette négresse échangée contre un pot de cambouis dans les parages de Bornéo. Elle avait toujours le même succès et incitait Hourtin, qui a couru le monde pendant quarante années, à redire ses aventures.

Hourtin a mangé de tout ce qu’a produit la mer, de la baleine à l’anémone. Il a fait bouillir des méduses pour tremper la soupe dans leur jus et met du goémon en salade.

— La mer, c’est la nourrice ! répète-t-il, a donne ren qu’ du bon !

Et tous les poissons étrangers qui entrent au village sont portés chez Hourtin qui les dévore en se vantant.

Au contraire, Tonnerre était taciturne et regardait obstinément la mer des heures à la suite, jusqu’au moment où l’alcool le poussait à des folies gesticulatoires et bavardes. Alors les gens venaient au pas des portes et se disaient de l’un à l’autre :

— C’est Tonnerre qui fait la loi !

Ou bien :

— C’est Tonnerre qui joue la comédie !

Puis ils rentraient.