Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/208

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Tous deux ont péri à la mer, il y a déjà du temps, alors qu’ils étaient beaux et jeunes. Il ne reste plus d’eux que des photographies qui jaunissent sur la cheminée : Dominique en matelot, accoudé à un prie-Dieu ; Augustin avec une ancre à ses pieds. Ce sont des gars solides, larges d’épaules, la moustache conquérante, l’air satisfait. Ils ont de beaux cadres en coquillages, et, près d’eux, il y a des boules en verre, deux petits trois-mâts et les bouquets en papier gagnés aux tirs des foires.

De chagrin, la mère Bernard avait supplié son Eugène de rester près d’elle quand il voulut quitter la pêche pour le long cours. Il eut pitié d’abord, remit son départ, puis s’embarqua un jour parce qu’il avait l’imagination pleine des histoires merveilleuses de ses frères et qu’il espérait gagner de l’or.

Le père Bernard avait plaisanté les sentiments de sa femme en faisant le crâne.

— C’est un homme, pas vrai ! Il est ben libre de naviguer à son gré !

Mais voilà que Florent venait de partir à son tour, appelé pour servir dans la flotte ! Alors, comme il devait rejoindre à Lorient, pour le garder près d’eux le plus longtemps possible, ils avaient été le conduire jusqu’à Pornic sur la chaloupe à Julien Perchais.