Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bernard le conseillait, rectifiait son tir, et confiait, par exclamations, sa fierté à la mère :

— Qu’il est adroit le mâtin ! Ça s’ra un lapin !

Elle relevait la tête, sans s’arrêter de tricoter, pour sourire avec satisfaction.

Mais P’tit Pierre se lassa de tuer des choses parce que : « ça ne remuait pas » et il entreprit la chasse aux félins.

À propos, la chatte de la mère Aquenette avait mis bas dans les tamarix de sa cour. Il se tapit derrière la murette et chaque fois qu’un museau pointait, un caillou sifflait. Le troisième jour, il toucha le petit gris qui tomba en secouant la tête et vagissant lamentablement. Mais quand il avança pour le ramasser, avec des cris de victoire, la chatte lui sauta au corps et lui déchira les mollets.

P’tit Pierre s’ennuya de nouveau. Il n’osait plus tirer les chats, et les chiens qui fuient avant le coup, la queue entre les jambes, n’étaient pas intéressants. Il y avait bien les carreaux de l’usine Préval qui le tentaient aux embrasements du soleil. Sans doute qu’ils éclateraient en étincelles, comme du feu, s’il tapait dedans…

Pan !… Un fracas de vitres brisées, puis un trou noir. P’tit Pierre avait tué le soleil et jubilait, quand le gérant, arrivant à pas de loup par derrière,