Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/232

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manœuvrent à toutes les allures et, sans rien comprendre à la régate, elle est soulevée d’enthousiasme pour l’audace et la force des hommes.

P’tit Pierre est immobile et muet près du frère. Ses yeux ne suffisent pas pour tout saisir, parce que, en enfant, il va de détail en détail. Soudain les canots de la Flotte s’enlèvent à un signal, et Florent crie de joie.

— V’là l’ tour aux frangins !

On voit les avirons ployer et se détendre comme des ressorts. D’un seul rythme bref la longue arête des dos se courbe et se redresse. Toute la barque est un grand corps qui rampe. À l’arrière le patron excite les hommes de la voix et se jette en avant à chaque coup de rame. L’effort est un, mécanique ; le bois gémit, les muscles craquent.

Ils remontent le courant vers un ridicule croiseur à l’éperon en sabot. C’est un de ces navires, démodés avant d’être vieux, tout bossués de tourelles, chargés de superstructures à ce point qu’on se demande par quel miracle ils tiennent sur l’eau, et dont on favorise la visite à toutes les fêtes pour bien persuader le peuple de « la grandeur de notre marine ».

Les canots remontent toujours de front, par série. Deux commencent à prendre la tête et au virage se classent nettement premiers. On les voit re-