Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/249

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— Aussi il me fait sortir de mes gonds, ce gosse-là !

L’affaire en resta là. Ils demeurèrent silencieux toute la soirée en évitant leurs regards. Mais les jours suivants, Bernard tint parole et engagea son gars chez Zacharie qui a boutique de menuiserie derrière sa buvette. La mère demanda grâce pour une semaine encore. Le brigadier protesta énergiquement contre la mollesse des femmes et céda, avec de la joie dans le cœur.

— On n’en a-t-il pas assez qui sont loin, disait la vieille, gardons celui-là, jusqu’au mois prochain…

L’automne ramenait les soirs humides, plus avancés de jour en jour. Déshabitué des chutes rayonnantes sur la mer calme des étés, le soleil s’enlisait de bonne heure dans la brume lourde qui ceignait comme un bandeau l’horizon des océans. Les couchants n’étaient plus dorés mais écarlates ; la nue devenait plus sombre, la mer plus dure et le ciel encombré de nuages qui retenaient longtemps le mirage du crépuscule. Les merlans, précurseurs du froid, apparaissaient sur la côte ; le gibier se rassemblait pour la migration ; il n’y avait plus d’hirondelles.

Devant la maison des Bernard, les touffes d’hortensia s’étaient décolorées du rose au gris, puis un coup de vent avait emporté les pétales. Les tamarix