Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/252

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porte. Il l’ouvre enfin, mais comme elle grince sur ses gonds, tout son courage s’effondre, avec un grand fracas, dans sa poitrine.

M. Bourdin qui lit l’Écho de Paimbœuf en fumant sa pipe, lève la tête.

— Ah ! Bernard ! mon ami, mon brave ami, je vous attendais…

Il plie le journal qu’il met à gauche sur la table et dépose sa pipe à droite, dans une soucoupe.

— Eh bien, comment ça va ?… Je vous ai fait venir pour des nouvelles… oui, oui, au sujet de votre fils Ernest, n’est-ce pas, Ernest…

— Pardon, Eugène, Monsieur.

— Oui, oui, Eugène, ce pauvre garçon… Votre cadet…

— Non pas, l’aîné maintenant, Monsieur.

— Justement, eh bien… oui, oui, voilà… une lettre des armateurs…

M. Bourdin ajuste son lorgnon, déplace successivement trois galets et découvre la lettre. Bernard a pâli au bord de sa chaise, les mains crispées sur son béret. Un rayon de soleil éclaire sur le mur des amiraux à belles barbes et des présidents satisfaits, barrés du grand cordon.

— Voilà… J’aurais pu vous envoyer ça ; j’ai préféré vous voir. Vous comprenez, une lettre c’est brutal ; moi je pouvais pallier… adoucir… Oh ! il n’y a rien de perdu vous savez… Voilà : « Mon-