Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sieur nous avons le triste devoir de vous faire connaître que notre navire le Bourbaki »… Ah ! ah ! un nom glorieux !… « le Bourbaki, parti d’Auckland le 12 avril, a été signalé le 25 du même mois pour la dernière fois… » etc… etc… Oui, enfin on est sans nouvelles… Vous savez, il n’y a rien de perdu… on est inquiet… on suppose… Vous comprenez, voilà six mois bientôt… Seulement on n’a trouvé aucune épave, rien…

M. Bourdin replace méthodiquement la lettre sous le troisième galet. On entend un gamin jouer dans la rue avec un cercle de fer. M. Bourdin regarde Bernard et voit ses yeux pleins d’eau.

— Allons, allons, mon ami, du courage… oui, oui, c’est dur, très dur… Mais enfin pas d’épave, voilà de l’espoir, hein !… Oui, oui, la mer vous savez bien !… Mais quoi, on est des hommes !…

Il secoue bonassement les mains de Bernard qui se lève avec effort et dit tristement :

— C’est le troisième gars que j’ perds, Monsieur.

— Fichtre !

M. Bourdin ne trouve pas autre chose, car il est ému à son tour. Bernard ne songe plus qu’à s’en aller ailleurs, parce qu’ici le cœur lui fait trop mal. M. Bourdin propose « de l’accompagner un bout » ; mais il l’arrête au seuil à cause du soleil et qu’il n’a pas de chapeau.