Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et puis qu’il est bien fini !

— Jouait-il point la comédie aussi c’te nuit !

Ils firent cercle autour du cadavre dont la poitrine, constellée de trente-six médailles, éclatait au gai soleil.

— Il était tellement ivre qu’il sera tombé à marée basse, expliqua Bernard, et le flot l’aura recouvert… Il avait mis son maillot de fête… Pauv’ vieux !…

Cette mort le troublait un peu, comme un mauvais présage, parce que Tonnerre s’était enivré hier soir à la santé de Florent. Quelqu’un dit :

— Lui qui nageait que c’était pis qu’un poisson, allez donc voir !

On l’emporta sur une civière où il acheva de s’égoutter. Son vieux chien Tempête arriva, le flaira et se mit à hurler lamentablement.

— Il sent la mort, fit Zacharie.

Des femmes se signèrent.

Le groupe monta au village tout lumineux et blanc, au-dessus duquel flottaient les drapeaux des usines et des vols paisibles d’hirondelles. Des visages se montraient aux portes ; des vieux s’avancèrent.

Le père Crozon et Cul-Cassé embarquèrent leurs casiers, P’tit Pierre leur donna la main et les regarda partir sur la mer douce où des roches, caparaçonnées de lianes, émergeaient en retenant du