Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/40

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n’y marquent point et appellent seulement un peu d’humidité. La jetée, dégagée, s’élève comme un rempart verdi à sa base et fourni de goémon ; les viviers d’Izacar sont à sec à l’extrémité, et l’on y entend vivre les cancres et les homards dans un petit bruit perpétuel de bulle qui crève.

L’après-midi, les pêcheurs se promènent, boivent chez Zacharie, jouent aux cartes ou courent les galantes. Ils ont des vareuses propres, un foulard blanc et des galoches luisantes. Les filles mettent au cou un mouchoir de soie framboise, vert tendre ou bleu de ciel sur un caraco frais, tiré à la poitrine ; elles ont un bonnet de linge sur leurs cheveux plats, des cotillons courts, des sabots cirés.

Ce dimanche là, Double Nerf buvait depuis le matin en compagnie de Gaud et de deux thoniers arrivés la veille, quand il se rappela le rendez-vous au chantier Goustan.

Les gars étaient déjà loin sur la route, par groupe, bleu clair ou bien deux à deux. Il y avait le père Olichon, Piron l’alcoolique qui a quatorze enfants et jamais un sou net, Julien Perchais plus colossal auprès du Nain, le brigadier Bernard et Labosse, le douanier, qui n’était pas de service. Viel, le riche, s’en allait avec la Gaude aux cheveux de jais éclairés de coquelicots rouges ; la mère Izacar et la femme à Perchais marchaient avec la fille Zacharie qui est mise comme une de-