Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/41

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moiselle ; des gars emmenaient leurs connaissances par la taille.

Urbain Coët travaillait avec Léon au chantier où les odeurs de peintures et de goudron s’exaltaient dans la chaleur. Près de lui, sa femme tricotait, assise à la porte de l’étier, et ses trois gamins jouaient devant elle sur un tas de copeaux.

Les Goustan ne viennent jamais le dimanche. Grand-père dort sur son lit, le gilet ouvert ; François fait « une vache » aux aluettes, chez Malchaussée ; et son fils navigue dans la yole avec des camarades.

— T’ as donc point de repos, mon gars !

Le père Olichon entrait le premier et petit à petit chacun se rangeait le long des établis, riauneur, les bras croisés. La barque les couvrait de son ombre, magnifique et campée d’aplomb sur la quille, les flancs vastes et le pont élancé ainsi qu’une échine, d’arrière en avant, vers l’étrave qui dressait en croix ce nom : Le Dépit des Envieux.

Silencieux, les hommes tournèrent à l’entour, s’accroupirent pour juger les dessous, et les visages se faisaient graves, impressionnés. À la porte, les filles se pressaient, jacassantes, et Léon remarqua joyeusement Louise Piron, aux yeux hardis, qui le taquinait avec des aguicheries depuis quelques soirs.