Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

— J’aurai soin qu’il ne me tanne pas, moi. pas même s’il était deux fois mon mari ; je lui jetterais plutôt de l’eau chaude à la figure. Mais madame n’a pas le courage que j’ai. Il la fera revenir, vous verrez ; il en viendra à bout. Il n’y a pourtant pas de probabilité à ce qu’elle revienne ce soir ; aussi je pense que nous pouvons fermer les portes et nous aller coucher, si cela vous convient. »

Le dimanche matin, pourtant, Kitty commença à s’alarmer sérieusement au sujet de sa maîtresse. Comme Betty, encouragée par la perspective d’un loisir inaccoutumé, s’était assise pour continuer une lettre depuis longtemps commencée, Kitty entra en courant dans la cuisine et lui dit :

« Seigneur ! Betty, je suis toute tremblante ; vous pourriez me jeter à terre comme une plume. Je viens de regarder dans l’armoire de madame, et ses deux chapeaux y sont. Il faut qu’elle soit sortie sans chapeau. Puis je me rappelle que ses vêtements de nuit n’étaient pas sur son lit hier matin ; je croyais qu’elle les avait préparés pour le blanchissage ; mais non, car j’ai regardé. J’ai dans l’idée qu’il l’a assassinée et renfermée dans ce cabinet dont il garde toujours la clef. Il en est bien capable.

— Miséricorde ! vous feriez bien de courir chez Mme Raynor voir si elle y est. »

Mme Raynor était rentrée chez elle pour