Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/131

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ils s’accrochent à mon oncle comme des vautours, de peur de voir leur famille frustrée d’un centime. Mais je crois qu’il les déteste tous.

Cette mistress Waule, qui était si loin de paraître charmante à ses parents éloignés, était assise au foyer de son frère, de son propre frère, ainsi qu’elle en fit la remarque d’une voix sourde, voilée, passant comme à travers de la ouate ; elle avait été Jane Featherstone vingt-cinq ans avant de devenir Jane Waule, ce qui l’autorisait à parler, quand ceux qui n’en avaient pas le droit abusaient à leur profit du nom de ce frère.

— À quoi voulez-vous en venir ? demanda M. Featherstone, qui tenait sa canne entre ses genoux et qui, rajustant sa perruque, lui lança un regard acéré dont le contre-coup, comme une bouffée d’air froid, le fit tousser.

Lorsqu’il fut calmé, que Mary Garth lui eut administré une cuillerée de sirop, il se remit alors à frotter la pomme d’or de sa canne, tout en fixant amèrement ses yeux sur le feu.

— Les médecins, dit mistress Waule, ne peuvent venir à bout de cette toux, mon frère ; c’est absolument comme moi, car je suis bien votre sœur et je vous ressemble par la constitution et par tout le reste. Mais, comme je le disais, il est malheureux que cette famille Vincy ne sache pas mieux se conduire.

— Sottise ! Ce n’est pas de cela que vous parliez ; vous disiez que quelqu’un avait abusé de mon nom.

— Et je ne disais que ce qui peut être prouvé, si ce que chacun dit est vrai. Je tiens de mon frère Salomon que, dans tout Middlemarch, on parle de la conduite dérangée du jeune Vincy ; il ne fait que jouer au billard depuis qu’il est revenu chez ses parents.

— Niaiserie que tout cela ! Une partie de billard ! C’est un jeu honnête et digne d’un gentleman ; et le jeune Vincy n’est