Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/166

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— Dieu me bénisse « Mort ! Propriété à lui revenir !… » L’avoué Standish n’est rien à côté de Bulstrode. Il voudrait emprunter pour son compte qu’il ne parlerait pas mieux… Eh bien ?…

Ici, M. Featherstone regarda Fred par-dessus ses lunettes et lui remit la lettre d’un geste méprisant.

— Vous ne pensez pas, j’imagine, que Bulstrode puisse me convaincre d’une chose parce qu’il l’écrit en belles phrases, eh ?

Fred rougit.

— Vous demandiez cette lettre, monsieur. Il me semble que la dénégation de M. Bulstrode vaut bien l’affirmation contraire.

— Rien de tout cela. Je n’ai jamais dit que je croyais l’une plutôt que l’autre. Et maintenant qu’attendez-vous ? dit M. Featherstone sèchement, en enfonçant ses mains sous ses couvertures.

— Je n’attends rien, monsieur. — Fred retenait avec peine l’explosion de sa colère. — Je suis venu vous apporter cette lettre. Si vous voulez, je vais vous souhaiter le bonsoir.

— Pas encore, pas encore. Sonnez donc, j’ai besoin de missy.

Un domestique parut au coup de sonnette.

Dites à missy de venir, s’écria M. Featherstone impatient. Quel besoin avait-elle de s’en aller ?

Il continua sur le même ton après l’entrée de Mary.

— Pourquoi n’êtes-vous pas restée ici tant que je ne vous ai pas dit de sortir ? Il me faut mon gilet ; je vous ai dit de le laisser toujours sur mon lit.

Mary avait les yeux rouges comme si elle avait pleuré, et paraissait frémir de tous ses nerfs. Il était clair que M. Featherstone était, ce matin-là, dans une de ses humeurs les plus hargneuses et, en dépit de la perspective du cadeau qui lui était si nécessaire, Fred eût préféré pouvoir se