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mon ami ! Votre grand’tante ! Der Neffe als Onkel pris au tragique ! horreur !

— Nous finirons par nous fâcher, Naumann, si vous appelez encore cette dame ma tante.

— Comment faut-il l’appeler alors ?

— Mistress Casaubon.

— Bien, supposons que je fasse sa connaissance malgré vous, et que je découvre qu’elle ait très fort envie de faire faire son portrait.

— Oui, supposons ! dit Will Ladislaw d’un ton sourd et grondeur, voulant détourner la conversation. Il se sentait irrité pour des motifs ridiculement insignifiants, qui n’étaient guère même qu’un produit de son imagination. Pourquoi tant d’histoires à propos de mistress Casaubon ? Et pourtant il lui semblait que quelque chose venait de lui arriver, qui le rapprochait d’elle.



CHAPITRE VIII


Deux heures plus tard, Dorothée était assise dans le petit salon d’un joli appartement de la via Sistina.

Je suis fâché de vous dire qu’elle sanglotait amèrement, avec cet abandon d’un cœur oppressé qui se soulage, comme une femme habituée à se dominer par orgueil pour sa dignité et par souci des autres se le permet parfois, lorsqu’elle est seule et sans risque d’être observée. Et M. Casaubon ne devait certainement pas revenir de sitôt du Vatican.

Dorothée pourtant n’avait pas de chagrin bien défini qu’elle pût s’expliquer à elle-même au milieu de ses pensées et de ses sentiments confus, la réflexion qui cherchait à se faire jour, c’était un cri accusateur contre elle-même, lui disant que cet