Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/354

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ment de vous soumettre à vous ennuyer un peu, en supprimant quelque chose de votre travail habituel.

— Oui, oui, dit M. Brooke. Faites jouer Dorothée avec vous au trictrac, le soir. Il y a le volant aussi. Je me rappelle le temps où il était à la mode. Mais, au fait, vos yeux ne s’en accommoderaient peut-être pas, Casaubon. Il faut pourtant un peu de délassement, vous savez… Eh bien, pourquoi n’essayeriez-vous pas de quelque étude légère ? la conchyliologie, par exemple — cela doit être, il me semble, une étude facile — ou bien demandez à Dorothée de vous lire des choses légères : Smollet, Random, Humphrey Clinker. C’est peut-être un peu leste, mais elle peut tout lire maintenant qu’elle est mariée. Je me souviens d’en avoir ri aux larmes ; il y a un passage des plus drôles à propos des culottes d’un postillon… Nous n’avons plus tant d’humour aujourd’hui. J’ai passé par ces choses-là, moi, mais elles sont peut-être nouvelles pour vous.

— Aussi nouvelles que l’habitude de me nourrir de chardons, aurait pu répondre M. Casaubon, s’il n’avait écouté que son sentiment. Mais il se contenta de s’incliner d’un air résigné, avec tout le respect qu’il devait à l’oncle de sa femme, en faisant observer que les ouvrages en question avaient sans doute été une ressource pour un certain ordre d’esprits.

— Vous voyez, dit l’éminent magistrat à Lydgate après qu’ils eurent quitté la chambre, Casaubon a toujours été un peu étroit, et le voilà assez embarrassé, maintenant que vous lui défendez son travail habituel, qui doit être quelque chose de très profond, vous savez. Moi, je n’ai pas donné là dedans. J’ai toujours aimé le changement. Mais un clergyman est tenu d’un peu plus court. Que ne le nomme-t-on évêque à présent ? Il a fait pour Peel une excellente brochure. Il aurait là plus de mouvement et plus de surface ; il prendrait un peu d’embonpoint. Je vous recommande d’en cau-