Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/420

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bien meilleur parti : je veux dire chez sa compagne de pension, miss Willoughby. Il y a dans cette famille des relations tout aussi belles que celles de M. Lydgate.

— Que le diable emporte vos relations ! dit M. Vincy. J’en ai assez ; je n’ai que faire d’un gendre qui ne se recommande que par ses relations.

— Comment, mon cher ! Vous m’aviez l’air si satisfait de ce mariage ; il est vrai que je n’étais pas à la maison ! mais Rosemonde m’a dit que vous n’aviez pas fait la moindre objection à leur engagement. Et elle a déjà commencé à faire des achats pour son trousseau, tout ce qu’il y a de mieux en toile et en batiste.

— Cela ne me regarde pas, dit M. Vincy. C’est assez d’un mauvais garnement de fils qui ne fait rien, sans avoir encore un trousseau à payer cette année. Les temps sont durs pour tout le monde, et chacun est en train de se ruiner. Je jurerais que Lydgate n’a pas le sou. Je ne donnerai pas mon consentement à ce mariage. Qu’ils attendent, comme leurs aînés ont attendu.

— Rosemonde en sera très affligée, Vincy, et vous savez qu’il vous est impossible de lui faire de la peine.

— J’en aurai pourtant le courage. Plus tôt cet engagement sera rompu, mieux cela vaudra. À la façon dont il s’y prend, je ne crois pas qu’il se fasse jamais de rentes. Il se fait des ennemis, voilà surtout ce que j’entends dire de lui.

— Mais il est très bien vu de M. Bulstrode, mon ami. Je ne doute pas que ce mariage lui plaise.

— Qu’il plaise au diable ! Ce n’est pas Bulstrode qui payera leur entretien. Et, si Lydgate s’imagine que je vais leur donner de l’argent pour se monter un ménage, il se trompe, voilà tout. Je compte moi-même renoncer bientôt à mes chevaux. Vous feriez bien de prévenir Rosy de ce que je viens de vous dire.